Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/470

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vriers employés aux filatures et au tissage des cotons s’éleva de sept mille neuf cent à trois cent cinquante-deux mille ; en 1750 la population du duché de Lancaster était de trois cent mille habitants ; en 1801 , grâce au développement de l’usage des machines à filer, elle comptait six cent soixante-douze mille membres et, en 1831, leur nombre s’élevait à un million trois cent trente-six mille. Quant au taux des salaires, doit-il diminuer quand le besoin d’ouvriers est aussi grand ? Évidemment non. De 1777 à 1787, le salaire des ouvriers employés à la filature et au tissage s’éleva de cent cinquante pour cent. L’importation des machines a augmenté beaucoup les salaires dans le Jura. Ce fait se produit partout.

De plus, loin de supprimer, comme on le prétendait, certaines industries, elle leur donne souvent une nouvelle vie. Ainsi tous criaient que les chemins de fer supprimeraient la circulation sur les routes ; or, de 1857 à 1866 elle a augmenté de vingt-deux pour cent dans certains départements, l’Hérault entr’autres.

L’expérience a donc démenti la théorie de ces timorés, et cela devait être, car leur théorie était fausse.

En effet, si au lieu d’employer deux ouvriers, je n’en emploie plus qu’un, j’économiserai le salaire de cet ouvrier ; mais de cette économie que ferai-je ? ne l’utiliserai-je pas à autre chose ? L’emploi sera le même, mais la production sera double !

De plus, comme la production est augmentée, la consommation est facilitée, et par conséquent augmentée. Par conséquent plus il y a de production, plus il faut de travail. Le travail de la machine crée de nouveaux travaux par cela même qu’il crée une nouvelle production et une nouvelle consommation.

Qui doute qu’il n’y ait pas plus d’imprimeurs qu’il n’y avait de copistes ? qui doute que les chemins de fer n’emploient pas plus de monde que jadis les messageries et les