Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/55

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baccalauréat vous apparaissent comme un mauvais rêve, comme un cauchemar qui vous a rempli le cerveau et a manqué de vous rendre idiot.

Est-il nécessaire de demander si c'est à cet examen que devraient aboutir dix années de collège ? Un examen, oui ou non, doit-il avoir pour but la récitation d'un Manuel, et la palme doit-elle être donnée à celui qui l'a le mieux récité ? Est-ce à l'intelligence ou à la mémoire qu'il faut s'adresser ? Veut-on avoir des hommes ou des perroquets ?

Et n'est-ce pas une chose triste réellement qu'après avoir passé cet examen, on soit obligé de s'en purger à peu près complètement pour redevenir homme ?

Voilà donc le résultat donné par le baccalauréat : vous faites perdre à l'homme les dix plus belles années de sa vie pour aboutir à un examen qu'il devra oublier aussitôt après l'avoir passé !

Chose facile, du reste, car le bachelier n'a rien appris. Je me rappelle qu'un bachelier ès sciences ne savait pas, le jour même où il avait été reçu à son examen, la différence qu'il y a entre une pompe foulante et une pompe aspirante !

Et cependant, grâce à une heureuse mémoire, un certain brio, il avait eu beaucoup de succès : il est vrai que tout était fort confus dans sa tête et dans ses paroles ; mais il avait récité imperturbablement sans s'arrêter et sans chercher à comprendre ce qu'il récitait. Précieuse chose que cet aplomb, dont les examinateurs se contentent le plus souvent !

Aussi voit-on tous les jours des jeunes gens bien plus faibles, pour me servir du terme consacré, que d'autres, dans leurs classes, passer un examen triomphal. Ils ont plus de blague, plus de surface, moins de fond : là est leur avantage.

Eh bien ! est-ce la surface des jeunes gens qu'on doit développer ? Veut-on donc des jeunes gens qui puissent citer