Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/59

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au lieu de les comprimer, voilà le but qu’on doit se proposer ; ce sera par lui qu’on arrivera à élever le niveau moral et intellectuel du genre humain.

Eh bien ! puisque jusqu’à présent on a fait précisément le contraire de ce qu’on eût dû faire, il faut changer complètement de méthode.

Jusqu’ici, l’Université a suivi l’idée d’Helvétius, qui prétend que tous les hommes naissent avec des facultés égales et qu’ils ne diffèrent que par l’éducation. Alors, comme elle est bonne logicienne, elle a voulu être conséquente avec elle-même.

Il faut chercher l’égalité, a-t-elle dit ; et puisque les hommes ne diffèrent que par l’éducation, il faut leur donner une éducation égale, leur faire subir le même examen pour les rendre égaux.

Certes, l’égalité est une très-bonne et très-belle chose ; mais elle n’existe pas plus entre les intelligences qu’entre les tailles ; et il y a des enfants de génie comme il y a des enfants idiots.

Or la même éducation, les mêmes méthodes ne convenant pas à ces enfants, on ne peut exiger d’eux les mêmes résultats.

Par conséquent, il ne faut pas donner la même éducation à tous, aboutissant au même examen.

Car les enfants sont loin de n’avoir pas de vocation : en voyant les différences qui existent entre le caractère de deux enfants du même âge, on s’en convainc parfaitement. En voici un qui est rêveur, en voici un autre qui est gai, celui-ci est emporté par son imagination, celui-là réfléchit ; l’un sera artiste, l’autre mathématicien.

On ne peut pas nier ces différences : il suffit d’avoir regardé une fois deux enfants pour les avoir reconnues. Il n’y a pas besoin de se livrer à de grandes spéculations philosophiques pour l’établir. C’est un fait.

Maintenant, la vocation n’est pas quelquefois très-bien