Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/58

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mais ici, il ne s’agit pas du sol, il s’agit de l’homme, et c’est bien différent !

Le baccalauréat est comme l’anneau dont on se sert pour mesurer le macadam ; toutes les pierres qui sont trop grosses pour passer à travers doivent être brisées de nouveau : ce qui prouve que l’éducation des jeunes gens est aussi mal faite que possible, puisqu’au lieu de développer leurs forces on cherche à les anéantir.

« Nos lycées d’internes, dit Edouard Laboulaye, lycées impériaux ou municipaux, demi-séminaires et demi-casernes, ne sont pas meilleurs pour l’esprit que pour le corps. S’il y manque d’air et de place, il y manque plus encore de cette liberté qui, dés l’enfance, apprend à l’individu à se conduire… L’obéissance passive fait des soldats et des prêtres ; elle ne fait pas des citoyens. »

Et n’est-il pas vraiment atroce, ce lit de Procuste sur lequel on étend toutes les intelligences ?

Ah ! on rit des bacheliers ! on ne leur porte nul intérêt ; les parents les traitent de paresseux ; les hommes sérieux sont tentés de ne pas trouver les examinateurs assez sévères… Ah ! si on savait toutes les tortures auxquelles le baccalauréat soumet les intelligences, on frémirait…

Heureusement que les jeunes gens le passent à un âge où leur intelligence est encore malléable ; alors la souffrance est moins vive pour eux ; mais pour ceux dont le cerveau a déjà acquis la dureté qu’il doit avoir plus tard, c’est un supplice atroce.

Et à ceux dont le cerveau est encore une cire molle, le baccalauréat laisse une empreinte funeste qui ne s’efface pas toujours, et fait d’hommes qui auraient pu devenir remarquables, de simples crétins.

Ne doit-on donc pas réagir contre cette violence ? N’est-ce pas en la détruisant qu’on peut faire faire des progrès à l’instruction publique ? Développer les forces individuelles