Page:Guyot - La Tyrannie Socialiste.djvu/213

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C’était lui qui le 28 novembre 1888 et le 18 octobre 1890, en son nom et au nom de ses amis avait déclaré qu’« ils étaient décidés à ne pas laisser amoindrir la patrie allemande », et M. Bebel précisait en affirmant qu’« il n’admettrait pas que l’Allemagne rendît l’Alsace et la Lorraine à la France !… » Là-dessus, M. Liebknecht se présente à Marseille, comme un apôtre de la paix ! Pourvu que les Français respectent les faits accomplis, M. Liebknecht n’attaquera pas la France, et les socialistes révolutionnaires s’écrient : Quelle grandeur d’âme !

Et ils ont raison à leur point de vue ; car l’idée de patrie, ils ont déjà déclaré qu’ils la méprisaient : ces gens veulent fonder leur liberté au mépris de l’indépendance nationale, sans réfléchir, les aveugles, que de tous les despotismes, le plus brutal et le plus implacable est celui du conquérant sur le conquis !

Ils veulent réserver, ces bons apôtres, toutes leurs forces pour la guerre sociale. Ils sont prêts à fraterniser au delà des frontières ; mais ils ne pardonneront jamais au paysan d’hier qui, par son travail et son épargne, a pu devenir propriétaire ; au tâcheron ou à l’ouvrier qui a pu devenir patron ; aux fils de tout ce prolétariat qui, par leur intelligence, leur activité, des bourses gagnées aux concours, ont pu devenir ingénieurs, industriels, manufacturiers, commerçants ; car, ce sont des bourgeois ! et comme tels des criminels ! C’est contre ceux-ci qu’ils réservent toute leur énergie et toute leur ardeur.

Quelle logique et quelle morale !

Ces déclamations, ces excitations, ces entraînements, peuvent griser ceux qui les exploitent, faire