Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/218

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LE CONTRIBUABLE. — Alors pour m’aider à payer mes dettes, vous allez me frapper d’une amende. Et maintenant, qu’est-ce que j’ai à payer ?

M. PEYTRAL. — Vous connaissez le principe de l’impôt sur le revenu : exempter les petits, faire payer les gros. Si vous avez un revenu de moins de 2.000 fr., vous n’avez rien à payer. Vous en avez 6.000. Mais d’abord quelles sont vos opinions ?

LE CONTRIBUABLE. — Qu’est-ce qu’elles ont à faire ?

M. PEYTRAL. — Elles n’avaient rien à faire, quand l’impôt était réel : mais maintenant qu’il est personnel, elles ont une importance considérable. Notre devoir est de favoriser les amis du gouvernement et de ruiner les autres pour supprimer l’opposition.

LE CONTRIBUABLE. — Je suis républicain.

M. PEYTRAL. — Mais de quelle nuance ? Si vous n’êtes qu’un modéré, cela ne compte pas ; un simple radical est suspect. Êtes-vous au moins radical-socialiste ?

LE CONTRIBUABLE. — Oui.

M. PEYTRAL. — C’est bien heureux. Mais je vous préviens entre nous que cela ne suffira plus d’ici quelque temps. Pour échapper à la surcharge, il faudra être socialiste-révolutionnaire. Je l’avais prévu, mais cela ne m’effraye pas.

LE CONTRIBUABLE. — Enfin, pour le moment…

M. PEYTRAL. — De quelle race et de quelle religion êtes-vous ?

LE CONTRIBUABLE. — Mais qu’est-ce que cela a à faire ?

M. PEYTRAL. — Répondez d’abord.

LE CONTRIBUABLE. — Je suis juif.