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d’épouvantables accidents dans la vie d’un peuple, des déraillements qui, non seulement font des victimes, mais laissent d’effroyables souvenirs. Il a fallu plusieurs générations pour que la France se remît du cauchemar de la Terreur. Mais enfin ils ne frappent pas un peuple à tout jamais d’impuissance. Ce ne sont pas les bombes des anarchistes qui doivent nous émouvoir : elles font plus de bruit que de mauvaise besogne ; car au mois d’août 1892, les 1.615 explosions de dynamite qu’on comptait, dont 1.122 en Europe et 502 en Amérique, n’avaient causé que 21 morts[1]. Mais ce qui est grave, c’est la dépression intellectuelle et morale, dont le socialisme frappe tous ceux qu’il atteint. Un peuple chez lequel il deviendrait endémique serait rapidement condamné à l’impuissance et à la mort.

On connait la loi du moindre effort : — produire les mêmes effets avec le plus petit effort possible, — qui joue un si grand rôle en mécanique ; qui explique tant de phénomènes physiologiques et psychologiques ; qui est devenue la clef de la linguistique. « Les barbares abrègent tous les mots », avait dit Voltaire, en observent la manière dont ils avaient déformé la langue latine.

Cette loi du moindre effort, Adam Smith l’a dégagée dans la vie économique des peuples, en démontrant que tous les monopoles, prohibitions, règlements destinés à favoriser la production étaient non des moteurs, mais des freins qu’il fallait supprimer. Il a substitué aux rouages compliqués la transmission directe de mouvement. Il a appris, aux

  1. Les Coulisses de l’Anarchie par Flor O’Squar.