Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/267

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hommes qui malheureusement n’ont pas encore tous profité de son enseignement, que la loi du moindre effort avait été résumée dans la formule française de Gournay : « Laissez faire ! » dont le respect assurerait plus de justice à tous.

Les socialistes veulent aussi appliquer la loi du moindre effort. Seulement, ils l’entendent tout autrement.

Aux badauds qui les écoutent, ils disent : — « Ne vous donnez pas de peine, mais criez, clamez, menacez et prenez-nous pour vos échos : nous vous promettons de vous apporter, sans que vous ayez d’autres peines que de parler, crier, menacer et peut-être donner, à un moment, quelques coups, ce que les autres ont accumulé par leur travail, leur intelligence et leurs privations. Vous n’avez rien à faire qu’à nous croire et à nous rendre les maîtres. Alors vous ne travaillerez qu’à votre gré, et le patron sera forcé de vous payer, même quand vous n’aurez rien fait. Ce sera la première étape. À la seconde, la Société le remplacera, et comme tout appartiendra à tous, vous serez les maîtres ; et la Société vous obéissant vous donnera la richesse, sans que vous ayez besoin de vous occuper de la produire. Il vous suffira de désirer, vous serez satisfaits. Moïse n’espérait la terre promise qu’après la traversée du désert : avec nous, vous n’avez ni faim, ni soif à endurer. Allez au cabaret et ne vous occupez pas de l’épargne ; car à quoi bon ? puisque vous gagnerez au centuple, si vous allez déposer dans une urne de temps en temps un morceau de papier portant nos noms et ceux de nos amis.