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VIII

Mon cher Cloaree,

’ Les grandes solennités dramatiques qui se sont déroulées, dans l’été de 1898, à Ploujean d’abord, puis a Tréguier, ont définitivement consacré la renaissance du théâtre populaire breton. Il est à présumer que le mouvement dont elles ont été le point de départ ne s’arrêtera plus. La troupe qui a porté le poids et il qui revient l’honneur de ces imposantes manifestations initiales ne semble nullement disposée à laisser s’endormir son zèle. La pi-e¤iiei-e campagne était a peine terminée, qu’elle se préoccupait d’en préparer une seconde. Encouragée, soutenue, guidée par M., Cdoarec dont on ne louera jamais assez le dévouement, aussi actif que désintéressé, à la cause des lettres brel, ouues, elle a mis ai l’étude un nouveau spectacle qui ne peut manquer de trouver ai la scène un accueil encore plus flatteur, si possible, que celui fait iiagtieie au ll] !/N/(È/’C de Saint Grcéwole’.

Ce spectacle sera en partie composé de la pièce que nous présentons aujourd’hui au public. Le sujet en est emprunté a1’aama-ai>ie légende de Sainte’l’repli i i ie, si riche de matière celtique, et qui est en même temps d’un pathétique si lZll’§ ’(o’, si humain. On sait qu’elle a inspiré jadis un de nos Mysteres les plus justement réputés, lequel, recueilli et publie par le vénéré M. Luzel, n’a cessé de jouir dans nos campagnes d’une popularité presque sans égale. Mais l’on sait aussi que ce Mystere, après avoir joué avec succès au Congres de Saint-Brieuc, en 1857, sije ne me trempe, subit Morlaix, en 1888, l’échec le plus piteux. tie lut un vrai désastre, et qui faillit compromettre En tout jamais non seulement le prestige de la pièce €ll©—lll<ë, lllt), mais les destinées du théâtre breton tout entier. Le soufflet fut tel, en ell’et, que notre muse tragique en resta pour morte. Elle n’était heureusement qu’élourdie, comme l’a prouvé l’éclatante revanche de l.’lou, le2m. Le procès de Sainte Treîp/une toutefois demei.u-erait a réviser. lt va l’être, espérons le grâce au merveilleux entrain de la troupe de Park, grâce aussi peut-être aux changements qui ont été pratiqués, aux coupures qui ont été introduites dans le Mystere primitif. Les œuvres de nos vieux bardes ne brillent, il laut bien le dire, ni par l’entente dramatique, ni par l’expression. Elles sont pleines de longueurs ; sans cesse elles s’al’l’ublent gauchement des oripeaux eutantins d’une rhétorique barbare ; et surtout, si de place en place éclatent de vraies beautés, la langue le plus souvent est terne, plate, dil’l*use, embroussaillée de mots trancais qui lui donnent l’aspect d’une espèce