Page:Gwennou - Santez Trifina.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

IX

de patois informe. Ces défauts n’avaient que trop choqué dans Saint Gwwmote’. On a voulu qu’il en subsistât le moins possible dans Sainte ïweëylzme. M. Cloaree Ht appel aux lumières de Charles Guennou. Il ne pouvait s’adresser mieux. Parmi nos poëtes de langue bretonne, il en est peu qui possèdent avec une plus entière maitrise toutes les ressourees de leur instrument. Quoique éloigne de sa province, Guennou est reste en communication constante avec le génie natal. Son âme ne s’est jamais depaysee. Toutes les voix de la terre arnuorieaine ont eompe enchante son exil. Et il y a conserve une ptaae d’inspii-at-ion vrai-, s ment singulière. Son vers est large, sonore, tout bruissant, dirait-on, des harmonies de la mer tregorreise, et l’on y respire au passage les plus penetran— ’ tes odeurs de nos greves et de nos landiers. Joignez que la verve enthousiaste. la longue debridée de nos antiques ehanteurs populaires revit en ce contemporain. Un mois lui a sufii pour récrire d’un bout l’aut.re, disons mieux, pour refondre complètement ee drame auquel il ne s’agissait, dans le principe, que d’apporter quelques retouolies. Il a respecte la marche de l’action, sans doute, mais en Yallegeant ; et, s’il s’est contente d’aeeuser les traits des protagonistes. en revanche, il ne s’est pas fait faute de modifier prot’ondement les personnages secondaires on même d’en introduire de nouveaux. C’est donc une oeuvre toute dit fer ente qu’il nous donne iai et, a proprement parler, originale. Par la recoit un eomineneemeïzt de satistactioii le vœu que M. Gaston Paris exprimait naguère, aux têtes de Pâouiean, lorsqu’il souhaitait ° de voir sncceder aux pièces quelque peu surannées de notre ancien répertoire une il oraison dramatique nouvelle. imprègnee du même partum de terroir et nourrie des même seves, mais animee, vivitiee par un esprit plus moderne.

Si je suis bien informé, au Mystère que M. Guennou s’est employé à rajeunir de la sorte doit faire suite, dans le spectacle futur, une comédie paysanne de M. Jaffrennou. Cette autre innovation ne sera, certes, ni la moins heureuse, ni la moins favorablement accueillie. L’avenir de notre theâtre populaire se présente désormais sous les meilleurs auspices. Grâces en soit rendues à tous ceux qui, de près ou de loin, y ont aidé. Ce n'est encore, si l’on veut, qu’une oeuvre de régénération littéraire, mais qui peut, qui doit devenir une œuvre de salut social.

A. LE BRAZ.

Stang-ar-C'hoat, 15 juin 1899.