Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/100

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— Il ne me reste plus à vous présenter que trois convives, — reprit Bijou, cherchant évidemment à changer la conversation : — les Juzencourt, un ménage dans le train qui a acheté les Pins… et une de leurs amies, qui est venue passer un mois chez eux… une petite veuve délicieuse… la vicomtesse de Nézel…

— Tiens !… — dit le comte, qui fit un mouvement brusque, — madame de Nézel ?… Jean de Blaye est donc ici ?…

Denyse ouvrit largement ses beaux yeux clairs et répondit, surprise :

— Oui… Jean est ici… mais… quel rapport ?…

— Aucun… aucun… — affirma vivement M. de Clagny.

Et, après un silence, il demanda :

— Toujours jolie, madame de Nézel ?…

— Très jolie…

— Autant que vous ?…

Bijou sourit :

— Pourquoi vous moquez-vous de moi ?… je sais très bien que je ne suis pas jolie…

— À mon tour, mon cher petit Bijou, je vous demande pourquoi vous vous moquez d’un vieil ami… qui vous admire de toutes ses forces… et qui n’est pas le seul, hélas !…

— Pourquoi, hélas !…

— Mais parce que… quand on admire ou quand on aime… on voudrait être seul à admirer ou à aimer… l’amitié est égoïste et jalouse…

Elle demanda, l’air joyeux :