Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/114

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Elle répondit, très douce :

— Parce que je n’ai pas de reproches à vous faire… parce que je ne pense pas de vous des choses mauvaises…

— Alors, c’est que vous ne m’aimez plus ?…

Elle dit, d’un accent tellement douloureux qu’il en fut bouleversé :

— Je ne vous aime plus ?… moi !…

Il se sentait si profondément aimé qu’il recula à l’idée de l’affreuse peine qu’il allait causer s’il était sincère. Et, affectueusement, il s’efforça de mentir :

— Oui, — dit-il, improvisant difficilement une excuse à laquelle il n’avait pas songé, vous avez dû croire que je ne pensais pas à vous ?… depuis quinze jours que vous êtes aux Pins, je ne vous ai pas encore fait signe… c’est que… trouver un gîte à Pont-sur-Loire est difficile pour moi qui suis très connu… et j’ai craint que… et puis… pour vous aussi… pour venir en ville…

Comme elle restait silencieuse, il demanda :

— Pourquoi ne me répondez-vous pas ?…

— Pourquoi ?… parce que vous me dites précisément le contraire de ce que vous m’avez dit en me demandant d’accepter l’invitation des Juzencourt…

Il questionna, embarrassé :

— Qu’est-ce que je vous ai dit ?…

— Que nous voir à Pont-sur-Loire était chose facile… que vous aviez une petite maison, tout près de la gare, laissée à votre disposition par un ami