Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/117

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il attira contre son épaule le visage pâle de madame de Nézel, et, s’inclinant, posa ses lèvres sur la jolie bouche fraîche qui se donnait.

Comme la jeune femme se blottissait éperdument dans ses bras, il lui dit d’une voix caressante et chaude :

— Est-ce que je peux aimer… comme je t’aime… cette enfant que je n’ai jamais touchée du bout des doigts ?…

Et, serrant contre lui le corps souple qu’il sentait frémir, il reprit :

— Pardonnez, vous qui êtes bonne !… car si j’ai péché, c’est en pensée seulement…

Elle répondit :

— Je vous aime… rentrons vite !… on va trouver que notre promenade se prolonge beaucoup !…

En les apercevant, madame de Juzencourt, assise sur la terrasse, leur cria :

— Comment !… vous avez marché tout ce temps ?…

Au même moment, M. de Rueille disait à Bijou, qui venait d’apparaître dans l’encadrement d’une fenêtre :

— C’est comme ça que vous êtes venue nous rejoindre ?… c’est gentil !…

Elle répondit, se décidant à sortir sur le perron :

— Je n’ai pas pu revenir plus tôt !…

Et plus bas, elle ajouta, s’approchant de son cousin :

— J’avais à m’occuper du thé… des glaces… etc… etc… il ne faut pas m’en vouloir…