Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/118

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Pierrot dit, en extase :

— T’en vouloir ?… est-ce qu’on peut t’en vouloir, à toi ?…

Bijou ne répondit pas. Distraite, elle regardait Hubert de Bernès qui causait avec Bertrade, et elle s’étonnait de le trouver pour elle si froid. Certes, il était poli, aimable même, mais aimable et poli seulement, et elle n’était pas accoutumée à tant de modération.

M. de Clagny se montra à une fenêtre et appela :

— Mademoiselle Bijou !… votre grand’mère vous demande…

Denyse s’envola, dans un froufrou de jupes, sans même répondre au petit La Balue qui lui disait, en lui montrant Henry de Bracieux, dont la silhouette se détachait en pleine lumière :

— Il est bien beau, Henry, n’est-ce pas ?…

— Bijou, — dit la marquise, — tu vas chanter quelque chose…

Très ennuyée, elle supplia :

— Oh !… grand’mère, je vous en prie !…

Mais madame de Bracieux insista :

— C’est M. de Clagny qui désire t’entendre…

— Alors, je veux bien ! — fit gentiment Bijou, sans prendre garde que cette façon de consentir n’était pas très gracieuse pour les autres invités de sa grand’mère.

Elle alla prendre sur le piano une guitare, passa par-dessus sa tête le ruban rose qui servait à la fixer et dit, en revenant se planter au milieu du demi-cercle formé par les fauteuils :