Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/134

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Et, d’une voix très basse :

— J’vous r’mercie bien, mad’moiselle Denyse, d’l’honneur qu’c’est qu’vous m’avez fait… j’l’oublierai point… bié sûr !

Bijou avait, en se levant, fait tomber le petit bouquet de son corsage. Comme elle regardait vers la porte pour voir si les chevaux étaient là, le paysan, d’un mouvement rampant, allongea vers le sol son grand corps noueux, et s’empara des fleurs qu’il fit rapidement disparaître dans l’ouverture de sa blouse.

Le domestique allait mettre pied à terre pour aider Denyse à remonter à cheval ; elle lui fit signe de ne pas bouger :

— Monsieur Lavenue me remettra bien à cheval… il est très fort…

Elle avançait son pied, prête à le poser dans la main du fermier, mais il ne lui en laissa pas le temps. La saisissant des deux mains par la taille, il l’appuya un instant contre lui, et la posa bien au millieu de la selle. Elle dit, stupéfaite :

— Ah bien !… quand je le disais, que vous étiez fort !… comment avez-vous pu me poser comme ça à bout de bras sur mon cheval qui est si grand ?…

Puis, comme il restait sans parler, les yeux voilés, respirant avec effort, elle conclut :

— Là !… vous voyez !… c’était trop lourd !… vous êtes tout essoufflé…

Sans lui laisser le temps de répondre, elle partit en disant :