Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/136

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— Comment… c’est déjà vous !… — dit-elle, — je ne croyais pas vous rencontrer si loin !… à quelle heure êtes-vous donc partis ?…

Pierrot répondit :

— Un peu avant l’heure…

Et, malicieux, il ajouta, en louchant sur son professeur.

— M’sieu Giraud a été un amour !… il a lâché un peu plus tôt… sans que je sois obligé de beaucoup le prier… et à présent, si nous voulons être à Bracieux à midi, nous pouvons nous tirer les pattes !…

Ils marchaient à côté de Bijou. Elle demanda, s’adressant à Giraud :

— Êtes-vous remis de votre soirée d’hier ?…

— Remis ?… — fit le jeune professeur, — pourquoi « remis » ?…

— Parce que vous n’avez pas dû vous amuser !… M. de Tourville et M. de Juzencourt vous ont successivement bloqué dans les coins pour vous raconter, l’un que Charles de Tourville s’était embarqué avec Guillaume le Conquérant en 1066, l’autre qu’un Juzencourt avait, en 1477, combattu Charles le Téméraire sous les murs de Nancy… est-ce vrai ?…

— Très vrai !… et M. de Juzencourt a ajouté « qu’il n’y avait dans sa famille que du sang bleu »… je n’ai pas bien compris pourquoi il me racontait ça !…

— Pour vous montrer que, tracés nettement depuis 1477 seulement, mais sans la moindre