Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/176

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Alors elle dit en souriant :

— Monsieur Sylvestre, voilà que vous êtes encore sorti !…

Le teint déjà rouge du jeune homme se colora plus violemment encore ; il avala son verre d’un trait et, se précipitant au piano :

— Commençons, mademoiselle !… commençons !…

Et il joua la ritournelle très courte de la romance en hésitant un peu, comme si ses doigts refusaient d’agir. C’était si visible que Denyse lui demanda :

— Qu’est-ce que vous avez ?… vous n’êtes pas en forme, aujourd’hui ?…

— Mon Dieu, mademoiselle, je… il fait si chaud !… Un peu myope et ne se servant jamais de lorgnon, elle se penchait au-dessus de lui pour lire, et parfois effleurait de son buste la joue et les cheveux du musicien dont le trouble augmentait. Ses yeux se voilaient, ses doigts mous glissaient à côté des touches, et Bijou répéta, surprise :

— Positivement, vous n’êtes pas en forme !…

— Je vous demande infiniment pardon, mademoiselle… je… je ne sais pas ce que j’ai…

Elle dit en riant :

— Moi non plus, je ne le sais pas !… Et, comme il quittait le piano, elle le fit se rasseoir.

— Non !… si vous le voulez bien, j’étudierai encore deux ou trois vieilles chansons ?…

Et elle recommença à déchiffrer, s’inclinant pour mieux voir, tandis que, pâle à présent, les mains