Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/188

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— Non… pas du tout !…

— Eh bien… vous aviez raison tout à l’heure… non seulement Marcel, ainsi que ses frères, est mieux à Bracieux que partout ailleurs, mais encore il n’est pas malade…

Comme M. de Rueille faisait un mouvement, elle continua paisiblement.

— C’est son père qui est malade… qui a besoin de changer d’air… et qui en changera…

Il balbutia :

— En vérité, je ne sais ce que vous voulez dire ?… Nettement, elle répondit :

— Je dis qu’il faut que vous quittiez Bracieux pour quelque temps… tenez-vous à ce que je dise aussi pourquoi ?…

— J’y tiens !…

— Vous avez tort !… vous savez que jamais je ne me suis occupée de ce que vous faites ou ne faites pas… le jour où il vous a plu de vous distraire, j’ai accepté, sans protester, toutes vos… distractions…

Il dit, convaincu :

— Je sais que vous avez toujours été une femme indulgente et bonne… et je vous en suis très reconnaissant… —

Il n’y a pas de quoi !… je n’ai eu, à être ce que j’ai été, aucun mérite… Ce qu’on appelle « la trahison » d’un mari me semble une très petite chose pour un bien grand mot !… à moins d’être un saint… ou un infirme… — et je n’eusse souhaité épouser ni l’un ni l’autre… — un mari est toujours exposé à ces accidents-là… peut-être vous sont-ils