Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/191

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M. de Rueille s’approcha de sa femme et demanda timidement :

— Vous m’en voulez ?…

— Moi ?… et pourquoi vous en voudrais-je de ce que vous ne pouvez pas empêcher ?… vous êtes dans la même situation que Jean… que M. Giraud… qu’Henry… que le professeur d’accompagnement… que Pierrot… et que tous ceux que nous ignorons… sans parler de l’abbé, qui, à présent, apparaît toujours dans le voisinage de Bijou…

— Oh !…

— Parfaitement !… seulement, lui, il est inconscient… il subit, sans savoir ni pourquoi ni comment, le charme que subissent tous ceux qui s’approchent de Bijou… je suis bien sûre que lui aussi va être chagrin du départ… sans parvenir à s’expliquer précisément la cause de son chagrin… Tenez !… on sonne… je ne vais pas être prête !… allez-vous-en !…

— Pierrot ! — demanda la marquise après le déjeuner, quand tout le monde fut réuni dans le hall, — tu ne m’as pas donné mon livre, hier ?…

Pierrot, qui causait avec Bijou, se retourna effaré :

— Quel livre, ma tante ?…

— Le roman de Dumas… pour le curé…

— Ah ! bon !… je n’y pensais déjà plus !…

— Tu as oublié la commission ?…

— Pas du tout !… seulement Pellerin ne l’avait pas !…