Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/210

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— Moi... Jean !... comment ?... tu ne me fais pas l’honneur de connaître ma voix !... qu’est-ce que tu fais donc là... dans ce noir ?...

— Je me promène...

— Toute seule ?...

— J’étais sortie pour me promener avec les Dubuisson, mais j’ai pensé qu’il valait mieux ne pas les troubler... et je suis venue ici... toute seule...

— Ça doit te changer un peu, hein ?... qu’est-ce que tu peux bien faire quand tu es seule ?...

— Je réfléchis...

— Oh !... quel gros mot !...

— Je rêve, si tu veux ?...

— Ah bah !... en voilà une chose que je n’aurais pas cru !... ils ne doit pas ressembler à un rêve ordinaire, ton rêve ?...

— Parce que ?...

. — Parce que les rêves sont habituellement incohérents, cahotés, baroques et invraisemblables...

— Eh bien ?... — Eh bien, tes rêves, à toi, doivent être admirablement équilibrés, pondérés... ils doivent te ressembler...

— Je te remercie...

— De quoi ?...

— Dame !... des aimables choses que tu me dis...

— Oh !... elles ne sont pas aimables... elles sont vraies... je ne suis pas ici, d’ailleurs, pour te dire d’aimables choses, mais des choses graves...