Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/214

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une excellente amie que j’aime beaucoup… beaucoup… mais pas comme tu crois…

— Ah !… tant pis !… elle est veuve, elle est riche… c’était bien ton affaire !… Alors, tu en aimes une autre ?…

— Oui…

— Une autre que tu ne peux pas épouser ?…

— Précisément !…

— Pourquoi ?… elle n’est pas assez riche ?…

— Oh !… si ! elle n’aurait rien du tout que ça me serait bien égal… c’est moi qui ne suis pas assez riche pour elle… et puis, elle ne voudrait pas de moi !…

— Tu n’en sais rien ?… tu devrais lui dire que tu l’aimes…

— Crois-tu ?…

— Évidemment… essaie toujours !…

— Eh bien. Bijou, je t’aime comme un imbécile, comme un malheureux qui n’espère rien… et qui n’ose même rien demander…

Elle s’arrêta court, et dit, l’air navré :

— Tu m’aimes !… toi ?… toi ?…

— Oui… et toi ?… tu me détestes, n’est-ce pas ?…

— Oh ! Jean !… peux-tu dire de pareilles choses ?… tu sais bien que je t’aime, au contraire… pas comme tu le voudrais… pas comme je le voudrais moi-même… mais bien tout de même, bien…

Elle s’appuya à son épaule, le forçant à s’arrêter, et, rapidement, lui passa la main sur les yeux.