Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/234

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lier !… il y a déjà un monsieur qui s’est fait déposer… »

Comme il approchait, il vit que le cheval avait une selle de femme et il poussa un cri en apercevant Bijou couchée sur le dos, dans l’herbe, à droite du sentier. Un de ses bras était étendu en croix, l’autre s’allongeait le long d’elle. Elle avait les yeux fermés et les lèvres entr’ouvertes. Bernès sauta à terre et attacha son cheval ; puis, prenant dans ses bras Denyse, il essaya de l’adosser à un arbre.

Mais lorsqu’il vit rouler inerte sur son épaule la tête de la jeune fille, il attira contre lui sa taille souple et fut stupéfait de la sentir absolument libre, sans corset ni ceinture d’aucune sorte… Et son trouble devint si grand qu’il se pencha vers elle, et couvrit de baisers les jolis cheveux frisés en répétant malgré lui :

— Bijou !… mon Bijou !… entendez-moi, voulez-vous ?… répondez-moi !… je vous en prie ?… je suis si malheureux de vous voir ainsi !… Au bout de deux ou trois minutes, Denyse poussa un soupir très doux, et, lentement, ouvrit les yeux. À la vue de Bernès, son visage sérieux devint souriant :

— Ah !… — murmura-t-elle, — est-ce assez bête, cette chute !…

Il demanda : — Comment êtes-vous tombée ?…

— Je ne sais pas !… mon cheval a mis le pied dans un trou, je crois…

— Oh !… et vous avez fait panache ?…