Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/236

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— Mais…

— Il n’y a pas de mais !… je vous demande ça pour ma discrétion ?…

— Votre discrétion ?

— Dame !… est-ce que nous n’avons pas parié… moi, qu’il y aurait un accident parce qu’il y en a toujours… vous, qu’il n’y en aurait pas ?…

— Oui… Eh bien ?…

— Eh bien… mais, je pense qu’en voilà un, d’accident ?… vous ne le trouvez pas suffisant ?… qu’est-ce qu’il vous faut donc ?…

Il balbutia :

— C’est vrai !… je suis idiot !… c’est que j’ai eu tellement peur, si vous saviez !…

Elle le regardait, l’air très doux, et cette douceur le ravissait. Elle lui tendit la main en disant :

— Merci encore de m’avoir si bien soignée… et maintenant, allez-vous-en bien vite…

— Pouvez-vous remonter à cheval ?…

— Pas tout de suite… je sens une sorte de courbature, une lassitude très grande… Non !… vous allez dire à M. de Clagny de venir avec sa voiture… il me ramènera… ne lui dites pas ça tout haut… je ne veux pas que grand’mère sache rien…

Comme Hubert de Bernès retenait sous ses lèvres la petite main de Bijou, elle dit, agacée :

— Allez donc vite !… expliquez-lui bien de laisser son mail sur la route, à M. de Clagny… et dites-lui qu’il me trouvera sous bois… en bordure du chemin… là précisément où je l’ai quitté tout à l’heure…