Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/265

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Quand M. de Clagny s’approcha voulant saluer Denyse, elle lui dit, sans même répondre à son salut :

— Grand’mère m’a dit que vous alliez partir… je suis sûre que c’est à cause de moi ?… Il fit signe que oui. Alors, elle lui prit le bras, et, l’entraînant dans un salon presque désert :

— Je vous en prie ?… — supplia-t -elle, — je vous en prie… ne partez pas !…

Il répondit, très ému :

— Je vous en prie à mon tour, Bijou, ne me demandez pas l’impossible… je n’ai pas su rester près de vous sans devenir aussi fou que les autres… j’ai rêvé… comme rêvent les fous !… à présent que tout est fini, il faut que je tâche de redevenir sage et d’oublier mon rêve… et pour ça, il faut que je m’en aille loin… très loin…

Elle demanda :

— Vous aviez cru que… que je dirais oui ?…

— Je vous voyais avec moi si bonne… si délicieusement gentille et confiante… que j’avais espéré… mon Dieu, oui !… que peut-être vous vous laisseriez aimer…

Elle dit, songeuse :

— Alors… c’est ma faute si vous avez espéré ça ?…

— Ce n’est pas votre faute… c’est la mienne… on espère ce qu’on désire…

— Si !… je suis sûre que j’ai été avec vous telle que je n’aurais pas dû être ?…

Ses yeux se remplirent de larmes et elle murmura, humble presque :