Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/282

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— Je suis rentrée, ce matin, malheureuse de vous avoir fait du chagrin... j’ai pensé que, peut-être, j’avais été avec vous trop affectueuse, trop abandonnée... que je vous avais fait croire... ce qui n’est pas ?... Est-ce vrai ?...

— C’est vrai !... alors, vous n’avez pas du tout d’affection pour moi ?...

— Vous savez bien que si !...

— Je veux dire que vous m’aimez comme... comme on aime un vieux parent quelconque ?...

— Mieux que ça !...

— Enfin... vous ne m’aimez pas assez... pour... m ’aimer comme mari ?...

— Je n’en sais rien !... je m’explique maJ ce que j’éprouve pour vous !... d’abord, je vous trouve très beau... et très charmant aussi... et puis, je me sens, quand vous êtes là, enveloppée de tendresse et de douceur... il me semble que je respire plus librement, que je suis plus gaie, plus heureuse... et jamais, jamais, je n’avais encore éprouvé ça !...

Très ému de ce qu’elle disait, inquiet aussi de ce qu’elle allait dire, le comte serra contre lui sans répondre le bras de Bijou.

Elle reprit :

— Alors, j’ai pensé que, comme je vous aimais plus que je n’avais encore aimé personne, et que, d’autre part, je ne me consolerais jamais de vous avoir causé un grand chagrin., le mieux était de vous épouser...

M. de Clagny s’arrêta court, et demanda, la voix étranglée :