Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/283

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— Alors... vous consentez ?...

— Oui...

Il balbutia :

— Ma chérie !... ma chérie !...

— Je l’ai dit ce matin à grand’mère, — continua Bijou, — et je dois vous avouer qu’elle n’a pas été très contente... elle a fait tout ce qu’elle a pu pour me faire changer d’avis...

— Je comprends ça !...

— Elle trouve que c’est fou, pour vous comme pour moi, de se marier lorsqu’il y a une telle disproportion d’âge... et puis... elle ne me l’a pas dit, mais j’ai bien vu que quelque chose la préoccupe, qui me préoccupe, moi, à un degré beaucoup moindre...

— Et c’est...

— La disproportion de fortune... oui... il paraît que vous êtes horriblement riche... grand’mère me l’a dit hier quand elle m’a appris que vous demandiez ma main...

— Qu’est-ce que ça fait, mon Bijou, que je sois un peu plus on un peu moins riche ?...

— Ça fait beaucoup !...avec les idées de grand’mère surtout !... Oh !... non pas qu’elle trouve humiliant pour moi d’être épousée sans rien... car je n’ai rien en comparaison de ce que vous avez !... non ! elle considère que le mariage est une association ou un échange de valeurs : « Donnemoi d’quoi qu’t'as... j’te donnerai d’quoi qu’j'ai... » disent les gens d’ici... Vous avez, vous, votre nom qui est beau, et votre argent qui est con-