Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/284

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sidérable...

j’ai, moi, mon nom qui est aussi assez coquet, et ma jeunesse qui compte bien pour quelque chose...

— Eh bien ! alors ?... en quoi la disproportion de nos fortunes gêne-t -elle votre grand’mère ?...

— Ah ! voilà !... elle m’adore, grand’mère, et elle calcule que j’ai trente-huit ans de moins que vous... que vous pouvez mourir avant moi... et que, après avoir vécu pendant des années dans un très grand luxe... après m ’être habituée à un bien-être excessif, que j’ignore jusqu’ici... je me trouverai très gênée et très malheureuse à l’âge où l’on ne recommence plus sa vie... et où l’on souffre des mauvaises habitudes qu’on ne sait plus perdre...

— Vous sentez bien, mon adoré Bijou, que tout ce que je possède est et sera à vous... mon testament est fait déjà... qui vous donne tout... même si vous ne devenez pas ma femme...

— Bah !... elle dit qu’un testament... ça se déchire !...

— Si votre grand’mère le préfère, je vous assurerai tout par contrat de mariage ?...

Bijou se mit à rire :

— Alors, elle s’imaginera que nous divorcerons. .. et que le divorce détruit les choses faites...

— Et si je reconnais au contrat que vous apportez la moitié de ce que je possède... et si je vous donne encore le reste en m’en réservant seulement l’usufruit ?...

Bijou secoua la tête, et nouant, dans un mouve-