Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/285

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ment tout plein de câline tendresse, ses jolis bras frais autour de cou de M. de Clagny, elle lui dit :

— Je ne veux de vous que du bonheur… et je suis sûre que vous m’en donnerez beaucoup… j’espère bien que vous vivrez très, très longtemps… et il m’importera peu, quand je serai vieille, de me retrouver pauvre… relativement ?…

Il répondit, en couvrant de baisers affolés le visage et les cheveux de Denyse :

— Et moi, je ne vivrais plus à la pensée que la mort peut me prendre sans que l’avenir, tel que je le veux pour vous, soit assuré…

Elle murmura :

— Ne parlez pas de toutes ces choses !… je veux croire que je ne vous quitterai plus jamais, jamais !…

Cherchant à voir dans la nuit les yeux de Bijou, il demanda, anxieux :

— Est-ce que vous pourrez m’aimer un peu… comme je vous aime ?…

Sans répondre, elle lui tendit ses lèvres, et, à ce moment, un bruit de voix les fit se séparer brusquement. À quelques mètres d’eux, plusieurs personnes parlaient bas, et l’on entendait des pas pesants et cadencés. Il semblait que là, tout près, on portait un fardeau très lourd. Dans l’obscurité, des lueurs passèrent, et M. de Clagny dit :

— C’est singulier !… on dirait qu’il est arrivé quelque chose ?…

Mais Bijou, qui s’était arrêtée, inquiète, le cœur