Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les grands yeux naïfs et bons se posèrent sur Paul de Rueille, qui reprit :

— Vous vous marierez bientôt ?… vous nous quitterez ?…

Bijou se mit à rire :

— Comme vous y allez !… il n’est pas question de mariage pour moi, que je sache ?…

— En fait, non !… du moins, je ne le crois pas !… mais en principe, il n’est question que de ça !… et grand’mère ne pense pas à autre chose…

— Ah ! bien !… je ne suis pas comme elle !… car je n’y pense guère, moi !…

Elle ajouta, devenue sérieuse tout à coup :

— Il est d’ailleurs problématique, mon mariage !…

— Problématique ?…

— Mon Dieu, oui !… d’abord, je veux que celui qui m’épousera m’aime…

— Ben, soyez tranquille !… vous n’aurez pas de peine à trouver ça !…

Elle acheva, et sa voix claire se fit presque grave :

— Je veux aussi l’aimer…

— Vous l’aimerez… on aime toujours son mari… pour commencer ! — fit étourdiment Rueille, qui s’arrêta court, trouvant que « pour commencer » était inutile.

Mais Bijou n’avait pas compris, ni même entendu, car elle demanda :

— Qu’est-ce que vous dites ?…

— Je dis… qu’il sera heureux !…

— Qui ?…

— Celui que vous aimerez !…