Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/33

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— Je l’espère !… je ferai tout ce qu’il faudra pour ça !…

M. de Rueille semblait agacé, irritable, grognon. Il dit, comme s’il eût voulu décourager Denyse de son rêve :

— Oui… mais si vous ne le rencontrez pas, celui-là ?…

— Eh bien, je coifferai sainte Catherine, voilà tout !… mais je ne vois pas pourquoi je ne le rencontrerais pas !… je ne désire pas l’impossible, après tout !…

Blagueur, un peu agressif, il répliqua :

— Est-il indiscret de vous demander ce que vous désirez ?…

— Oh ! pas indiscret le moins du monde !… car je ne puis vous répondre que ce que je vous ai répondu déjà : Je veux « l’aimer ! » tout bonnement !… je ne tiens pas à l’argent… je ne comprends pas, je n’admire pas l’argent !…

Elle se tourna vers son cousin, et conclut, le regardant bien en face :

— Ainsi, tenez !… je ferais très bien un mariage comme Bertrade !…

Il balbutia :

— Avec un autre mari ?…

Gentille, simple, sans le moindre embarras, elle dit, toute rieuse :

— Mais non !… mais non !… je trouve le mari très bien !…

M. de Rueille ne répondit pas. Il se sentait ému malgré lui à cette pensée que Bijou aurait pu