Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/46

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— Mon petit Paul !… venez, pour me faire plaisir !… vous seriez si gentil… si gentil !…

M. de Rueille dénoua d’un mouvement sec les doux bras frais qui l’enveloppaient, frôlant son visage, et répondit, d’une voix qui s’enrouait :

— C’est bon !… c’est bon !… j’y vais !…

La jeune fille recula, et il vit dans la nuit claire briller ses grands yeux surpris. Timidement, elle dit :

— Comme vous êtes bourru !… qu’est-ce que vous avez ?…

Il ne répondit pas ; elle insista :

— Vous ne voulez pas me le dire ?…

— Ah ! non !… — fit-il sèchement.

Et, remontant, il entra dans le salon, où Bijou entra derrière lui, en disant à Bertrade :

— Je ne sais pas ce qu’il a, ton mari !… il est comme un crin !

Madame de Rueille regarda Paul. Le visage un peu tiré, l’air nerveux, il affectait de causer et de rire bruyamment avec le répétiteur qui, lui, restait fermé et silencieux. Et après avoir regardé elle répondit, inquiète un peu de trouver son mari bizarre :

— Il a sûrement quelque chose, mais je ne sais pas quoi !

Déjà Bijou, reprise de son idée, expliquait :

— Figurez-vous !… Paul voulait aller se promener, au lieu de travailler !… Ah ! ça n’a pas été tout seul pour le ramener !…

Résigné, M. de Rueille venait de s’asseoir devant