— Monsieur Giraud ?… est-ce que vous voudriez bien ranger les livres avec moi ?…
Le jeune homme s’arrêta, heureux au point de ne pouvoir parler. Comme il restait planté à la même place, elle lui indiqua la porte ouverte :
— Fermez la porte, voulez-vous ?… et maintenant, prenez Molière… moi je prends Aristophane… parfait !… nous reviendrons chercher le reste…
Tout en portant les livres elle babillait, semblant ne pas s’adresser à son compagnon, mais seulement penser tout haut.
— Pourquoi est-ce que Jean cherche dans Aristophane… alors qu’il s’agit de faire parler Thomas Vireloque et madame de Staël ?…
Puis, brusquement, elle demanda :
— Croyez-vous qu’elle sera amusante, notre revue ?…
— Mais oui, mademoiselle…
— Pourquoi ne dites-vous jamais rien ?… vous devriez y travailler aussi !…
— Mon Dieu, mademoiselle… je ne suis pas très au courant… la politique et les racontars mondains sont pour moi lettres closes… et je ne vois pas trop…
— Et puis, vous aimez probablement mieux être un simple spectateur ?…
— J’aurai, hélas ! le regret de n’être même pas cela…
Elle demanda, stupéfaite :
— Comment ?… vous ne verrez pas notre revue ?…