Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/85

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Giraud, répétiteur de Pierrot de Jonzac… et honoré de la protection de mademoiselle Bijou ?… je vous remercie, j’aime à être fixé !…

— Mais… — fit Denyse qui était devenue très rouge — je ne protège pas du tout M. Giraud… je…

— Ne vous défendez pas !… je sais quel peut être le rôle joué par un pauvre répétiteur… qui n’a pas d’habit… dans la vie d’une belle petite demoiselle telle que vous… c’est un rôle sacrifié… il représente assez exactement ce qu’on appelle « un seigneur sans importance »…

— Vous ne savez pas — dit la marquise, dès que Denyse fut sortie — à quel point cette enfant est délicieusement bonne !… ce garçon auquel elle s’intéresse… et qui est d’ailleurs charmant… est traité par elle exactement sur le même pied que les hommes les plus élégants, les plus « cotés », c’est une perle. Bijou !… vous verrez ça !…

— Je le verrai peut-être trop !…

— Comment, trop ?…

— Eh oui !… je suis un emballé, moi, vous savez ?… j’ai un vieux imbécile de cœur : qui bat aux champs à la moindre alerte… et que je ne peux plus faire taire ensuite…

— Mais Bijou est ma petite-fille, mon pauvre ami !…

— Eh bien, qu’est-ce que ça fait ?…

— Ça fait qu’elle pourrait être la vôtre !…

— Je le sais parbleu bien !… mais tout ça, c’est du raisonnement… et les cœurs jeunes raisonnent peu ou mal…