Page:Hémon - Maria Chapdelaine, 1916.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la rejoignait, de sorte que ces deux compartiments de la salle unique, chacun enclos de trois côtés, ressemblaient à un décor de théâtre, un de ces décors conventionnels dont on veut bien croire qu’ils représentent deux appartements distincts, encore que les regards des spectateurs les pénètrent tous les deux à la fois.

Le père et la mère Chapdelaine avaient leur lit dans un de ces compartiments ; Maria et Alma-Rose dans l’autre. Dans un coin, un escalier droit menait par une trappe au grenier, où les garçons couchaient pendant l’été ; l’hiver venu, ils descendaient leur lit en bas et dormaient à la chaleur du poêle avec les autres.

Accrochés au mur, des calendriers illustrés des marchands de Roberval ou de Chicoutimi ; une image de Jésus enfant dans les bras de sa mère : un Jésus aux immenses yeux bleus dans une figure rose, étendant des mains potelées ; une autre image représentant quelque sainte femme inconnue regardant le ciel d’un air d’extase ; la première page d’un numéro de Noël d’un journal de Québec, pleine d’étoiles grosses comme des lunes et d’anges qui volaient les ailes repliées.

— As-tu été sage pendant que je n’étais pas là, Alma-Rose ?

Ce fut la mère Chapdelaine qui répondit :

— Alma-Rose n’a pas été trop haïssable ;