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sont supérieurs et produisent à meilleur compte ; elle le guérira de la folle prétention de se suffire à lui-même, et le détournera de sacrifier l’intérêt de la masse des consommateurs à celui de quelques producteurs : ainsi peu à peu tomberont les barrières et les douanes qui séparent les divers organes de l’humanité ; il y aura des traités d’échange, et tout le monde y gagnera par le bon marché, et la suppression des dépenses faites pour soutenir une administration douanière, trop souvent vexatoire.

Les qualités et facultés de la femme en font non seulement une éducatrice, mais lui assurent la prépondérance dans toutes les fonctions qui relèvent de la solidarité sociale : elle seule sait consoler, encourager, moraliser doucement, soulager avec délicatesse ; elle a le génie de la charité ; c’est donc à elle que doivent revenir la surveillance et la direction des hôpitaux, des prisons de femme, l’administration des bureaux de secours, la surveillance des enfants abandonnés, etc. C’est à elle qu’on devra les institutions qui donneront du travail aux ouvriers sans ouvrage, et sauveront les libérés de la paresse et de la récidive. Voilà, Messieurs, sans sortir des données de votre théorie, la femme placée partout à côté de l’homme, excepté dans les rudes travaux dont les machines vous dispenseront vous-mêmes, et dans les institutions militaires qui disparaîtront un jour selon toute probabilité.

Jusqu’ici les institutions, les lois, les sciences, la philosophie portent surtout l’empreinte masculine : toutes ces choses ne sont humaines qu’à demi ; pour qu’elles le deviennent tout à fait, il faut que la femme s’y associe ostensiblement et légalement ;

conséquemment qu’elle soit cultivée comme vous : la culture ne

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