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rien la grande fonction maternelle ? Les risques que court la femme en l’accomplissant ?

Comptez-vous pour rien les travaux du ménage, les soins qui vous sont prodigués et auxquels vous devez propreté et santé ?

Si la quantité du produit est l’origine de l’égalité de Droit, pourquoi ceux qui ne produisent que peu de chose, ceux qui ne produisent rien, et vous tous qui produisez inégalement avez-vous un Droit égal ?

Pourquoi tant de femmes qui produisent, tandis que leurs maris ou leurs fils s’amusent et dissipent, n’ont elles pas des droits et ces derniers en ont-ils ?

Vous ne faites pas entrer la question du produit dans celle du Droit quand il s’agit de l’homme, pourquoi donc l’y faites-vous entrer quand il s’agit de la femme ?

Vous le voyez, Messieurs, toujours irréfléchis, irrationnels, injustes.

4° La femme ne peut être l’égale de l’homme, parce que son tempérament particulier lui interdit certaines fonctions.

Bien, Messieurs ; alors un législateur pourrait, sans déraison, décréter que tous les hommes qui, par tempérament, sont impropres au métier des armes, par exemple, sont hors de l’égalité de Droit ?

Le tempérament, source de Droit !

Si une femme avait écrit pareille sottise, elle serait tympanisée d’un bout du monde à l’autre.

Pourquoi, Messieurs, n’excluez-vous pas de l’égalité tous les hommes faibles, tous ceux qui sont incapables de remplir les fonctions que vous préjugez la femme incapable de remplir ?