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Page:Hériot - Une âme à la mer, 1929.pdf/133

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goélette ailée

Demain, dans le lointain, les côtes de Norvège apparaîtront

Ailée épaulée sur les vagues va superbement.

La Mer est bleue.

Les petites vagues par milliers déferlent en crêtes blanches et l’on dirait des moutons joyeux qui galopent en troupeaux. Elle est tourmentée mais radieuse, elle étincelle comme des diamants sous la brise du Nord.

Tout enfant, je suis passée ici sur la « Fauvette » me rendant en Norvège, puis trois fois encore sur « Salvator ». Pour la cinquième fois, me voici sur le même sillage.

Depuis deux jours, Ailée glisse à peine sous un ciel de plomb sur une mer accalminée.

Immobilité.

Ailée, la mer, le ciel, se dévisagent en s’endormant de lassitude appesantie. Nul bruit, ni aucun mouvement dans le silence. Tout s’éteint, tout semble devoir mourir sur cette mer privée de vie. La nonchalance est partout, le sommeil s’installe, la lassitude est sur nos épaules, on s’écoute vivre. Enfin ! voilà la brise dans un grand orage ! Les têtes se relèvent, les bras se tendent pour les manœuvres, la vie revient avec la rumeur et le mouvement.

Ailée est emportée vers l’horizon.