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Page:Hériot - Une âme à la mer, 1929.pdf/134

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une âme à la mer


Ailée est épaulée sur les vagues. Sa proue semble palpiter sous les rafales ; couverte d’embruns elle vit en plongeant !

Ses voiles bien tendues, poussées vers l’horizon l’entraînent joyeuse.

Elle file quinze nœuds pleins ; la lisse dans l’eau elle est belle à voir ainsi. L’arrière s’incline au ras de l’eau, le grand sillage est blanc d’écume, la mer passe silencieuse dans un grand remous.

La bôme, petite largue, entraîne la grand’voile qui plaque superbement, puis c’est la misaine que mes yeux contemplent, la trinquette et le foc bordés bien.

Et voici la rumeur venant du gréement qui nous accompagne.

La chanson grave du vent dans les cordages. Les deux mâts de quarante-sept mètres emportent leurs bastaques et leurs balancines. Puis ce sont les poulies et les ridoires.

C’est une harpe à mille cordes qui joue éperdument sous la brise qui nous aide, nous pousse vers le Nord où mon destin m’entraîne.