Aller au contenu

Page:Hériot - Une âme à la mer, 1929.pdf/168

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
162
une âme à la mer

Dans le grand port de Marseille, dans cette atmosphère de départ, lui aussi, comme les autres connaîtra le charbon, l’huile, l’eau, les conserves et les vivres, l’armement d’un navire qui appareille pour deux mois.

Puis l’embarquement de nombreuses malles, et l’arrivée de locataires inconnus, avec leurs invités.

Comme je te suis reconnaissante, ô bateau de mon enfance, de t’avoir revu comme je t’avais quitté, solitaire et austère ; pas de bruits inutiles, seulement ton équipage, nécessaire pour ta beauté et ton service, avec un capitaine qui sait te donner ce qu’il te faut, et aussi être bon envers toi.

Je ne vous envie pas, passagers d’un jour !

J’aimerais cependant entreprendre ce même voyage avec vous, sur le bateau de mon enfance, mais je voudrais en embarquant, ne pas changer d’âme.

Je me sens si riche d’avoir su devenir pauvre ; si vous saviez comme vos richesses à mes yeux vous appauvrissent.

Ce luxe éclatant s’est installé à la place de la simplicité.

L’or se vautre à la place de l’affection, là où mon amour pour mon bateau, régnait.

Je vous plains même de pouvoir faire ce merveilleux