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Page:Hériot - Une âme à la mer, 1929.pdf/172

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une âme à la mer

que j’entends. Je vois le pont étincelant, je puis voir les gais sourires des jolies poupées s’égrener, il fait calme plat, tout est bleu, c’est l’heure du cocktail et chacune a son flirt.

Celle-ci en vert est la plus jolie, blonde comme on ne l’est plus, cette poupée garde nuit et jour son collier de perles ; elle se déshabillera, mais ses perles ne la quitteront pas.

Voici une autre, beaucoup moins jolie, mais si jolie quand même à force de volonté ; elle est plus femme, plus séduisante, ce sont les années qui lui ont appris ce qu’elle sait.

Elle sourit largement au soleil, car ses dents sont éclatantes et elle sait que son collier rouge va si bien à ses cheveux noirs.

Je ne veux même pas dire que j’ai remarqué des yachtmens en bleu et blanc, dont la casquette était parfaite, car mon esprit s’était à nouveau évadé.

Je descends dans le carré prendre mon repas solitaire ; comme la solitude est douce à la mer.

J’aime tout ce qui m’entoure, d’un seul regard j’embrasse toutes mes coupes, trophées d’argent qui me rappellent mes luttes et mes victoires.

Mes livres préférés sont là, à portée de ma main, et des fleurs partout, des fleurs fraîches, pures, jolies, me tiennent compagnie avec leurs parfums et leur beauté.