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Page:Hériot - Une âme à la mer, 1929.pdf/215

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ailée s’en va

J’attendais les photographies et la lettre détaillée qui les accompagnait avant de me mettre en route.

Oui, c’était bien l’ex Météor IV que j’avais vu courir, grand cygne blanc avec l’aigle Impérial Allemand à la proue et couvert de dorure, très voilé, très bas sur l’eau ; je reconnaissais ses hublots à ras de la flottaison !

La photographie était magnifique ; j’apprenais qu’on lui avait apporté des modifications en diminuant la surface de voilure depuis son temps fameux des régates Impériales et que l’on avait installé un petit moteur semi Diesel de secours pour le rendre plus maniable et davantage de croisière. Conquise par cette photographie, je prenais le train.

C’était en novembre, par grand froid, j’arrivai à Rotterdam par la neige. Le lendemain matin, en hâte, je quittai l’hôtel pour aller visiter « L’Aar », ex Météor IV, avec mon agent.

Je ne saurais oublier l’impression que me fit cette goëlette !

L’eau était noire et la coque blanche ; elle était amarrée le long d’un quai couvert de neige.

Je ne vis que sa coque, sa ligne parfaite — vision — élégante et puissante à la fois… elle ne semblait pas « être dans l’eau », on l’eut dit seulement délicatement posée…

Cette impression ne devait jamais me quitter et bien souvent, en revenant à mon bord de nuit c’était