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Page:Hériot - Une âme à la mer, 1929.pdf/217

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ailée s’en va

carrés de voilure au lieu de 1600 ; elle faisait facilement ses 17 nœuds !

Un sourire radieux me traversait la figure car tout ce qui pouvait m’éloigner d’elle m’attirait davantage. N’était-ce pas avec un tel bateau que j’avais la chance de devenir un marin ? de me découvrir moi-même ?

La navigation serait dure et parfois dangereuse, mais n’était-ce pas le moyen d’apprendre et d’aimer mon métier ?

Et cependant que de choses à faire !

La responsabilité m’écrasait, j’avais parfois peur, à certains moments d’avoir entrepris une besogne trop lourde pour mes épaules.

Mais ces moments de défaillance étaient de courte durée. J’osais — et à la mer je sais maintenant que j’oserai toujours !

Le confort à bord n’existait pas malgré tout ce que je pus faire ; je ne devais pas y arriver.

Impossible d’avoir l’eau chaude dans les cabines, une baignoire existait pour des tubs d’eau de mer, les sonnettes à chaque porte s’éparpillaient mais pas une ne fonctionnait ; mauvaise lumière, pas de chauffage, dans cette coque d’acier où l’humidité suintait et régnait un froid glacial.

Le grand moteur était très usé, le petit moteur auxiliaire pour l’électricité et les pompes pour assurer le service étaient à changer.