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Page:Hériot - Une âme à la mer, 1929.pdf/218

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une âme à la mer

Il pleuvait partout, le pont devait être entièrement calfaté.

La vedette n’existait pas, les embarcations étaient dans un état lamentable.

Toutes les voilures de course allemandes étaient très usagées et elle n’avait que ses belles robes de régates pour se promener.

Et mille détails que je passe sous silence, pour ne pas la faire rougir.

Voilà dans quelles conditions j’avais découvert le seul, l’unique bateau qui chantait à mon âme, enthousiasmait mon cœur, exaltait ma raison.

Je l’achetai au plus vite et par deux degrés au-dessous de zéro dans les appartements, par tempête de neige, en décembre, je l’amenai au Hâvre avec un équipage composé de l’ancien capitaine Allemand avec sept de ses hommes et onze Hollandais pris sur le quai de Rotterdam !

Cette traversée mémorable fut très mouvementée et reste un de mes beaux souvenirs à la mer.

Le capitaine Allemand, qui fut parfaitement correct me prêta son fourneau à essence ; il avait peur, me dit-il de me trouver gelée dans ma cabine.

Mais je passai la plus grande partie de mon temps sur le pont, dans la neige, au milieu d’une tempête fantastique ou dans la cuisine à me chauffer au fourneau.

Arrivés au Hâvre, je l’invitai à déjeuner au restau-