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une âme à la mer

Car la marine est une et n’arbore, chez nous, qu’un pavillon. Il n’y a point guerre, commerce, plaisance et pêche : il y a la marine pour qui Madame Hériot sur ses trois navires, comme Gerbault sur Firecrest, fait œuvre de marin de même que les commandants de cuirassés, de paquebots ou de cargo-boats, de même que les patrons de chalutiers.

Trois navires, l’Ailée, l’Aile et la Petite Aile arborent la marque si souvent victorieuse. Bleue à trois bandes blanches, elle porte sur ses quartiers du haut, en des écus à la française, d’un côté le coq des champions et les cinq anneaux olympiques, de l’autre la Coupe d’Italie avec le nom de l’Aile VI triomphante. Sur les quartiers du bas deux cercles enferment l’un la Médaille d’Or du Yacht-Club, et l’autre la Croix de la Légion d’honneur décernée en 1928 à Madame Hériot. L’Ailée, l’Aile et la Petite Aile sont trois combattants.

Les régates sont des combats. On y lutte contre les rivaux prêts à tout car l’ami le plus cher est l’ennemi pendant la course. On y lutte contre cet être vivant, fait de bois, de toile et de filin qu’est le navire : créature capricieuse, toujours prête à s’allier avec les vents, les courants et les houles pour profiter de la moindre faiblesse, de la plus petite erreur de qui la manœuvre. On y lutte enfin contre la mer, l’ennemie chérie.

En ces combats, Madame Hériot se donne tout entière, sur ses bateaux que son âme imprègne, vivifie, électrise,