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une âme à la mer

Le sémaphore nous surplombait, et semblait nous dévisager, curieux et perché. La côte hérissée à quelques mètres était terrifiante, une longue houle brisante, enlevée par grosse brise, soulevait le navire. Finlandia avança le long des cailloux, puis d’un seul bord revint en grand malgré la houle, et s’engagea entre les deux murailles. Pendant l’espace d’une seconde je me suis demandé si c’était pour notre malheur, ou pour notre fantaisie que nous risquions cela.

Les marins qui risquaient ces choses ne revenaient pas toujours pour les raconter.


« FINLANDIA » PENDANT LA GUERRE


Finlandia naviguait un soir.

Je connais mon navire parfaitement et malgré cela je ne puis me figurer ce qu’il pouvait être exactement ce soir de terreur.

Battant pavillon russe l’équipage se compose de 80 hommes, il fait la patrouille : dur métier. La mer doit être rude, le vent âpre et le doute habite le cœur de ces matelots ! Sans nouvelles depuis des jours, ils naviguent, sans permission depuis des mois, ballottés de