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une âme à la mer

RÉFLEXIONS


Je me retourne… je ne vois plus la mer !

Des collines barrent l’horizon.

Oh ! les arbres trop près, et la vie qui se rapproche à vous toucher !

Rien ne vient relever votre regard vers l’horizon…

Oh ! laissez moi fermer les yeux.


Une petite maison rose ; devant ses fenêtres trois cyprès, quelques oliviers, un pêcher en fleurs ; c’est assez. Il est inutile d’avoir un grand palais pour apercevoir par ses mille fenêtres la tristesse de la vie !

Car de cette petite maison rose la mer est au loin, elle, la divine, la calme qui a gardé la magie de faire rêver encore les hommes.

Je bénis mes larmes, toutes mes larmes.

Je ne renie pas ma plus petite douleur, et je remercie mon plus grand chagrin d’être venu jusqu’à moi.

Je suis ici, si je n’avais pas souffert, la compréhension ne serait pas venue s’abattre et la pitié aussi. Je n’aurais pas puisé la force de vivre solitaire.