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une âme à la mer

des heures à la vie âpre, et lui dire : « Je suis trop lointaine, vous n’arriverez plus jusqu’à moi. »

Mais dans l’angoisse du retour, il faut sans défaillance reprendre le moule implacable avec, au coin des lèvres, ce sourire… qui n’est pas à vous et qui est, pour le monde qui vous regarde, devenu si distant de votre âme nouvelle.

Renouvelée.


Je sais que j’irai à Elle toujours. Celle qui garde mes secrets, mes espoirs et ma peine.

La mer qui me berce depuis toujours, m’endormira monotonement, toujours, au rythme de ces longues vagues lassées.

Je sais que mes yeux vont à elle, toujours, aussi le monde ne me connaîtra plus.


Comme je m’éloigne, comme je m’éloigne de tout, doucement, sûrement.

Rien ne me retient plus tout à fait, je m’échappe comme une galère qui ne vit que lorsqu’elle navigue sous toutes ses voiles.


La mer est un grand cadre d’eau où les visages s’effacent autrement vite que dans les cadres ordinaires.