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une âme à la mer

Seule, plus que jamais seule, je cherche, dans mon chagrin, l’isolement.

J’ai mouillé les deux ancres dans le pays de tristesse ; mon cœur ne sera pas assez fort pour remonter le courant !

Ma destinée s’est accomplie. Il s’est fait un grand silence ; un vide effrayant m’entoure ; quelque chose de moi s’est arrêté, et j’attends… quoi ? J’ai brisé le lien qui me retenait au rivage, prisonnière, mon cœur est devenu une île.

Sans crainte, je regarde ma vie en face. Rien ne me fait plus peur ; je sais que ce qui peut arriver ne dépassera pas ce qui est déjà.

J’ai emporté ma douleur sur ce rocher désert et seule, au milieu du silence, j’en contemple toute l’étendue.


LE SOLEIL


Le soleil s’endort à l’horizon.

Le jour se termine dans l’attente de l’apothéose, la nature, comme en suspens, attend, écoute, la disparition merveilleuse de l’astre divin.