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Page:Hériot - Une âme à la mer, 1929.pdf/63

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à bord du finlandia

Le ciel n’est jamais pareil, chaque fois, les yeux enivrés, suivent angoissés, la fuite éperdue, l’éparpillement, la débauche de cette folle fête !

Oh ! la mer qui retient longtemps après le départ fantastique, les rayons et les couleurs pour s’en embellir et s’en parer comme d’un grand manteau, avant de s’étendre et de s’en envelopper pour dormir.

Mon cher navire, adieu !

Je songe que je riais de bonheur lorsque je vous ai choisi entre tous les navires.

« Il vaut mieux avoir aimé et perdu, que de n’avoir jamais aimé. »

Je vous avais apporté toutes mes pensées, et vous étiez mon orgueil.

Maintenant, vous vous éloignez ; à l’horizon s’enfoncent mes souvenirs et les illusions qui me restaient.

La consolation du monde est d’abîmer ce qui le quitte. Moi, je vous regarde partir. Tu t’en vas plus beau que je t’ai trouvé, égoïstement superbe. Je t’ai donné tout ce que j’avais : mes tristesses, mes espoirs. Tu t’es nourri de mon affection et, plus magnifique, tu glisses sur l’eau, indifférent, tandis que, restée à terre, je te regarde t’éloigner à travers mes doigts et mes larmes qui coulent.