Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/102

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pour le peuple un triste et douloureux spectacle, de voir un empereur romain, d’une si auguste origine, et dont le père et les ancêtres avaient obtenu tant de triomphes, au lieu de combattre les barbares, au lieu de prendre des armes vraiment dignes d’un souverain de Rome, déshonorer la majesté de l’empire par le honteux appareil d’un gladiateur. Dans ces luttes infâmes, Commode n’avait point de peine à être vainqueur. Aussi se contentait-il de blesser ses adversaires, qui n’avaient garde de lui disputer la victoire, et qui dans leur antagoniste reconnaissaient toujours l’empereur. Son extravagance franchit bientôt toutes les limites : il voulut quitter sa demeure impériale, pour habiter le gymnase des gladiateurs. Il renonça au nom d’Hercule et se fit donner celui d’un gladiateur célèbre qui venait de mourir. Il fit ôter la tête de la statue colossale du Soleil, si révérée des Romains, la remplaça par la sienne, et fit inscrire sur le piédestal, non pas la liste des vertus qu’il eût pu tenir de son père, ou qu’on devait exiger de son rang, non pas le titre de vainqueur des Germains, mais ces mots : Commode, vainqueur de mille gladiateurs.

XLIX. Il était temps que ces extravagances eussent un terme, et que l’État fût délivré de ce tyran. Le premier jour de l’année, les Romains célèbrent une fête en l’honneur de Janus, le plus ancien de